HANOVRE (AFP) - Des pales d'éoliennes, des turbines, des échafaudages grandeur nature: les acteurs des énergies renouvelables n'ont pas ménagé leurs efforts pour impressionner le visiteur de la Foire de Hanovre (nord), mais aussi séduire d'éventuels futurs salariés.
Il le glisse avec un sourire complice, mais le porte-parole de Fuhrländer, qui construit des éoliennes, attend pour cette année "100% de progression du chiffre d'affaires".
Dans son dos, le fondateur chevelu et barbu de l'entreprise, Joachim Fuhrländer, répond aux questions des nombreuses télés qui se pressent à la plus grande foire industrielle du monde, ouverte jusqu'à vendredi. L'énergie renouvelable est devenue tendance.
Mais elle est également un pourvoyeur d'emplois de premier plan. Dans cette PME de l'ouest de l'Allemagne, on a triplé le nombre d'employés en cinq ans. Désormais ce sont 300 personnes qui conçoivent et construisent ces machines à la silhouette omniprésente outre-Rhin. Pour l'ensemble du secteur, on compte actuellement 175.000 employés, soit 10% de mieux qu'en 2004.
Même son de cloche chez WPD, leader allemand du financement et de l'installation des "fermes à vent". Ici en cinq ans on a embauché plus de 150 personnes. En 2002, ils n'étaient que 44 employés.
D'ailleurs pour Christian Schnibbe, porte-parole de WPD, "le recrutement est devenu difficile. On ne trouve plus assez de bons ingénieurs et commerciaux", dit-il en montrant du doigt le panneau qui regroupe les offres d'emploi du secteur.
La branche de énergies renouvelables ---du bureau d'études aux sous-traitants en passant par les financiers-- pourrait pourtant devenir à l'horizon 2020 le premier employeur du pays avec 500.000 salariés selon la fédération des énergies renouvelables. Une révolution verte au pays de l'automobile.
Rien que pour 2007 la fédération des énergies renouvelables s'attend à la création de 15.000 nouveaux emplois, pour un chiffre d'affaires en hausse de 17% à 32 milliards.
Avec 7,7% de la consommation produite l'an dernier grâces aux énergies propres, l'Allemagne est un des leader européen sur le secteur des énergies nouvelles (éolien, biomasse et photovoltaïque). Et la volonté politique est partie prenante dans ce succès.
Les énergies renouvelables ont été soutenues en Allemagne dès 1991 et les premières lois fixant le prix d'achat légal de l'électricité produite proprement. La loi de 2000, qui a garanti ces prix pour 20 ans, a donné un coup d'accélérateur au secteur.
Mais aujourd'hui les terrains disponibles pour installer de nouvelles éoliennes, des usines de gaz naturel ou à biomasse (bois) et à déchets commencent à manquer en Allemagne, et c'est vers l'étranger que tous les regards se portent.
"Nos plus grands marchés à venir sont la France, l'Espagne, l'Europe de l'Est, le Canada, et même Taïwan", se félicite Christian Schnibbe de WPD. Mais son entreprise veut aussi développer le marché coûteux des éoliennes off-shore, ce que son concurrent le constructeur Enercon a renoncé à faire, préférant prospérer sur le terrain des éoliennes classiques. "Evidemment, poursuit Schnibbe, pourquoi prendre des risques quand tous les marchés étrangers sont ouverts?"
La raison de cet optimisme se trouve notamment dans les nouvelles règles que la chancelière Merkel, présidente de l'Union européenne, a réussi à faire passer: d'ici 2020, les états membres doivent réduire de 20% leurs émissions de de dioxyde de carbone et produire 20% de leur énergie grâce au renouvelable.
Une décision qui va ouvrir dans un premier temps un boulevard aux entreprises allemandes, qui disposent des structures et des compétences pour installer éoliennes et panneaux solaires. A condition de trouver dans ces pays les salariés et les agents de maintenance nécessaires.
Mais avec 30% de croissance annuelle dans le monde, la branche a encore de beaux jours devant elle.