On a pu lire récemment dans Le Monde (en ligne le 11/04/07) un article
portant sur les propositions des trois principaux candidats à la
Présidence de la République (Universités et recherche : la guerre des
promesses). A priori on ne pourrait supposer un manque d'objectivité de la
part des auteurs, pourtant en y prêtant un peu attention on peut noter une
certaine part – non négligeable – de subjectivité.
Ainsi on peut lire que «Ségolène Royal et François Bayrou se sont engagés
à élever l'investissement par étudiant "au niveau de la moyenne des
pays performants de l'OCDE."» Ce qui est vrai pour M. Bayrou, mais
pourquoi attribuer à Mme Royal des propositions qui ne sont pas les
siennes. En s'attardant quelques minutes à la lecture du pacte
présidentiel de Mme Royal ainsi et surtout aux réponses des candidats aux
questionnaires du collectif Sauvons La Recherche et de l'Andès
(l'Association Nationale des Docteurs ès Sciences), la candidate PS
explique «[qu'elle portera] la dépense par étudiant au niveau de l'OCDE.»
Dans le même questionnaire, M. Sarkozy explique qu'il : « [accroîtra] de
40% les dépense publiques consacrées à l'université, soit un effort cumulé
de 15 milliards d'euros sur les 5 prochaines années. »
Pour rappel, la dépense publique française dans l'enseignement supérieur
est déjà au niveau de la moyenne de l'OCDE, alors que les pays les plus
performants ont un investissement d'environ une fois et demi à deux fois
celui de la France ...
Dans le même article, il est également fait état que « en matière de
recherche, les candidats se livrent à la surenchère. Nicolas Sarkozy
promet une hausse budgétaire de 25%, Ségolène Royal de 10% par an pendant
cinq ans, François Bayrou de 5% par an pendant dix ans... A l'aune du
mieux-disant chercheur, la candidate PS l'emporte : l'augmentation qu'elle
propose (60% au total) est comparable à celle du président de l'UDF, mais
sur une période deux fois plus courte. En compraison, l'offre du candidat
de l'UMP fait figure d'aumône. »
Effectivement, Mme Royal prévoit une augmentation de 10% par an sur cinq
ans, M. Bayrou 5% par an sur dix ans (petit aparté pour rappeler que la
recherche française souffre à la fois d'un manque d'investissement -
public ET privé essentiellement - mais aussi d'une structure non adaptée,
redondante et peu efficace) et M. Sarkozy propose « un effort
supplémentaire de 15 milliards d'euros, dont 4 milliards pour la recherche
publique et 11 milliards pour les entreprises. » Un effort important sur
le secteur privé, qui est le secteur dont l'investissement est loin d'être
comparable avec celui des grands pays performants et innovant. Le budget
2007 de l'enseignement supérieur et de la recherche est de 24 milliards
d'euros dont 13 pour l'enseignement supérieure et la vie étudiante. Un
rapide calcul et on remarque que le plus gros effort serait celui de M.
Sarkozy, une « aumône » donc ...
Mesdames et messieurs les journalistes, vous prendrez bien un peu
d'objectivité ...
(l'auteur est docteur ès sciences et ingénieur de recherche dans un
organisme public)
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