PARIS (AFP) - Syndicats et patronat se retrouvent mardi matin au siège du Medef pour tenter de relancer la négociation sur la pénibilité au travail prévue par la loi Fillon sur les retraites de 2003 et qui bute toujours sur un "blocage patronal", selon les syndicats.
Pour peser sur le dossier, Bernard Thibault (CGT) était en meeting lundi à Dunkerque (Nord) avec des salariés du bâtiment, de la métallurgie ou du commerce qui ont témoigné sur ce thème.
"Il faut sortir de la situation de blocage. Une loi-cadre peut décider de cette mesure d'ordre social, même avec un seul volet d'urgence", a-t-il lancé, en demandant la mise en place immédiate d'un système de départ pour les salariés de 55-60 ans en fonction du degré de pénibilité de leur emploi, et des facteurs amputant leur espérance de vie, donc leur retraite.
Sauf coup de théâtre, aucune avancée majeure n'est en effet attendue mardi, ont indiqué à l'AFP les négociateurs syndicaux, qui rappellent que le patronat n'a repris les discussions après un an de pause, le 3 avril, que "contraint et forcé" par le gouvernement.
"C'est le Medef qui bloque jusqu'ici. Donc, soit il bouge, soit il ne bouge pas", a souligné Joseph Thouvenel (CFTC).
Cette négociation avait été prévue par François Fillon il y a quatre ans pour prendre en compte l'usure prématurée des salariés exposés à des conditions de travail pénibles et leur reconnaître un droit à partir en retraite plus tôt que les autres, ne serait-ce que pour tenir compte de leur espérance de vie réduite.
"Ce serait paradoxal que cette négociation n'avance pas sous son gouvernement", a jugé M. Thouvenel. "Il faut savoir qu'on aura beaucoup de difficultés à avancer dans la future négociation sur les retraites, notamment les régimes spéciaux, si le problème de la pénibilité n'est pas réglé avant".
"On aurait aussi intérêt à décanter le sujet avant la conférence de la rentrée sur les conditions de travail", a jugé Danièle Karniewicz (CGC).
Le nombre de salariés, qui pourrait être concernés par un dispositif pénibilité, n'est pas connu. La réunion de mardi pourrait donner un début de réponse: selon la CFDT, l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) apportera une partie des chiffres et évaluations qui lui ont été commandés en avril.
Plusieurs dizaines de milliers de salariés de plus de 50 ans bénéficient déjà dans les faits d'une retraite pour travail pénible qui ne dit pas son nom, souligne-t-on à la CFDT, en reférence aux personnes relevant de régimes tels que l'invalidité, la longue maladie, la retraite anticipée, l'assurance chômage, qui ne retravailleront pas.
La nécessité de faire davantage de prévention pour éviter ces situations est reconnue par tous.
Mais les négociations achoppent sur la volonté des syndicats qu'au moins une partie des coûts de la pénibilité soient supportés par les employeurs concernés, sous la forme d'une surcotisation.
Le Medef refuse cette hypothèse: "on veut bien aller sur une solution individuelle propre à chaque salarié, mais pas collective car elle serait très dispendieuse", a indiqué un porte-parole à l'AFP.
Selon la CFDT, les sommes ici en jeu sont de 2 à 3, voire 4 milliards d'euros, sachant que l'invalidité coûte de toute façon déjà cher: un dispositif pénibilité aurait l'intérêt d'objectiver les coûts et d'inciter à la prévention.
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