Une lecture attentive des déclarations, propositions, programmes des uns et des autres fait apparaître, malgré les appartenance à des partis politiques différents, des sensibilités pas si éloignées sur la question de la recherche et de la réforme des universités. En considérant ainsi les propositions de N. Sarkozy, F. Bayrou ou encore D. Strauss-Kahn, on peut retenir les déclarations suivantes :
Dominique Strauss-Kahn :
(d'après laval65.canalblog.com, usa.blogs.liberation.fr/)
"Je n'accepte pas le déclassement de nos universités qui sont aujourd'hui minées par trois crises.
Une crise financière : Les Etats-Unis investissent 3% de leur richesse nationale dans les Universités, l'Europe 1,4%. Je m'engage à ce que l'enseignement supérieur redevienne une priorité.
Une crise des structures : Les chercheurs sont accaparés par les tâches administratives, les universités n'ont pas la maîtrise de leurs ressources. Je veux les rendre plus indépendantes, favoriser les liens des laboratoires avec les entreprises, réintégrer les Grandes Ecoles dans le réseau universitaire.
Et enfin, une crise européenne. Or, depuis Ersame et la Renaissance, l'Europe c'est l'Europe du savoir ! Je propose un réseau de centres universitaires européens d'excellence, et un objectif commun de 50% de diplômés du supérieur."
Lors d'un passage à New York en septembre 2006, Dominique Strauss-Kahn a rencontré une trentaine de militants socialistes français dans un bar de Manhattan. Répondant à leurs questions, il a lancé un appel à «dynamiter» le système universitaire : «Les universités françaises sont en train de plonger dans les palmarès internationaux, a-t-il déploré. Il faut créer une concurrence entre les établissements et mettre fin à l'hypocrisie du diplôme unique. Ce qui n'empêche pas de garder le système dans le public et de conserver une vision égalitaire.»
ou encore
(http://www.blogdsk.net/dsk/2006/09/index.html)
"L'avenir de
l'université :
Je me réjouis d'avoir lancé, de New York, un débat sur l'enseignement supérieur ! Je tenais à expliciter ici ma pensée.Le constat est aussi limpide qu'alarmant. En tant qu'universitaire, il m'inquiète particulièrement : notre Université est en crise. J'en veux pour preuve, parmi d'autres, la dégringolade, année après année, de nos universités dans les classements internationaux. C'est d'autant plus regrettable que le niveau de nos enseignants est remarquable.
Cela hypothèque gravement l'avenir de notre pays : nous ne réussirons pas notre mutation vers l'économie de la connaissance sans l'appuyer sur un enseignement supérieur dynamique qui réponde aux enjeux nouveaux de notre société. A ceux qui pensent que c'est par la baisse des salaires que nous pourrons concurrencer les géants indien et chinois, je réponds qu'ils se trompent lourdement. Notre économie doit sortir par le haut de la nouvelle donne économique internationale. C'est en faisant le pari de l'intelligence, source d'une économie à forte valeur ajoutée, que nous relèverons le défi.
Soutenir et redynamiser les universités est avant tout un choix politique. Les Etats-Unis investissent 3% de leur richesse nationale dans leurs universités quanf la France stagne à 1,4%. L'investissement public dans nos universités doit être une priorité nationale.
Au-delà des moyens, je pense qu'il est également nécessaire de faire tomber les rigidités qui paralysent l'Université. Ces rigidités sont connues : manque d'autonomie des universités dans la gestion de leurs ressources financières et humaines ; manque d'indépendance dans leur stratégie pédagogique. Il s'agit notamment de laisser les universités libres de tisser des liens avec différents partenaires et de recevoir des dons pour créer des enseignements et financer les recherches. Il s'agit aussi de réfléchir sur le concept de diplôme national qui, souvent, n'est qu'une fiction."
François Bayrou :
(d'après http://recherche-en-danger.apinc.org/spip.php?article1557)
« Vous me demandez si j’envisage une réforme des universités qui inclut leur autonomie. Comme vous le savez, je suis profondément attaché au caractère national des diplômes, qui est la garantie de la qualité des formations et de l’égalité des chances sur tout le territoire.
A l’inverse, je ne pense pas que la question de l’autonomie de gestion des universités doive rester un tabou : un système de gestion trop centralisé aboutit à déresponsabiliser les cadres administratifs de l’université, dont le statut n’est aujourd’hui pas à la hauteur des enjeux. Ces évolutions doivent être conduites dans le cadre d’une réflexion plus globale sur la gouvernance des universités, qui manque de lisibilité. »
« Je pense que la
montée en charge de l’ANR est une évolution positive,
qui permet de faire entrer les mécanismes d’attribution des
crédits de recherche dans une logique de projet et dans une
culture d’évaluation. Ces principes doivent être au
cœur de l’attribution des crédits, quel que soit l’horizon
temporel des projets qu’ils financent. »
Nicolas Sarkozy :
(d'après la réponse au questionnaire de SLR)
«L'autonomie réelle des universités est indispensable pour gagner dans la bataille mondiale de l'intelligence. Je ferai donc voter une loi qui réformera la gouvernance des universités et créera un statu d'autonomie réelle pour les universités volontaires.»
«L'ANR jour un rôle essentiel dans la mise en place d'une nouvelle gouvernance du système de recherche. Je evux aller plus loin en transformant les grands organismes de recherche en agences de moyens chargées de financer des projets et des équipes de recherche et en leur confiant la responsabilité d'évaluer l'avancée des travaux et les résultats obtenus par ces équipes.»
On peut donc noter la proximité des constats et propositions sur la nécessité de réformer en profondeur le fonctionnement et les structures de la recherche française (rapprochement universités/entreprises, financement sur projets, évaluation).
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