Paru dans Le Monde du 22 mai 2007
Les émissions de dioxyde de carbone (CO2), un des principaux gaz à effet de serre, ont augmenté dans le monde de façon alarmante entre 2000 et 2004, à un rythme trois fois supérieur à celui des années 1990, selon une étude scientifique américaine publiée lundi.
Elles sont en hausse de 3,1 % par an au début des années 2000 contre un rythme de 1,1 % par an dans les années 1990, d'après cette étude publiée sur le site Internet de la revue de l'Académie nationale des sciences. D'après les auteurs de l'étude, cette croissance accélérée des émissions de CO2 est largement
due à la hausse de la consommation d'énergie et à l'augmentation de carbone dans la production d'énergie.
UNE AUGMENTATION PLUS RAPIDE QUE PRÉVU
"Malgré le consensus scientifique selon lequel les émissions de dioxyde de carbone affectent le climat, nous ne constatons pas de signes de progrès dans la gestion de ces émissions aussi bien dans les pays développés que dans les pays en développement. Dans de nombreuses parties du monde, nous reculons", souligne le principal auteur de cette étude, Chris Field, directeur du département sur l'écologie mondiale à la Carnegie Institution.
L'étude montre également que les émissions de CO2 ont augmenté plus vite depuis 2000 que dans le pire scénario envisagé par le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC). "Les tendances liant l'énergie à la croissance économique vont réellement dans la mauvaise direction", estime M. Field.
L'accélération d'émissions de CO2 est particulièrement importante dans les pays en développement dont l'économie progresse fortement, en particulier la Chine, où l'augmentation des émissions de CO2 est surtout le reflet de la hausse du produit intérieur brut par habitant.
LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT SONT LES PRINCIPAUX RESPONSABLES
Entre 2000 et 2004, les pays en développement ont été les principaux responsables de l'augmentation des émissions de dioxyde de carbone, même si cela ne représente que 40 % du total des émissions de CO2 dans le monde. En 2004, 73 % de la croissance des émissions dans le monde est venue des pays en développement et des pays moins développés, qui représentent 80 % de la population mondiale. La même année, les pays développés (dont la Russie) ont contribué à 60 % des émissions totales. Ils sont responsables de 77 % des émissions cumulées depuis le début de la révolution industrielle, relève l'étude.
La consommation mondiale d'énergie devrait croître de 57 % entre 2004 et 2030, prévoit l'agence américaine Energy Information Administration (EIA). La croissance la plus rapide devrait venir des pays asiatiques non membres de l'OCDE, notamment la Chine et l'Inde, où la consommation devrait augmenter de respectivement 3,5 % et 2,8 % par an en moyenne.
Mais selon l'EIA, la hausse des prix du pétrole brut devrait réduire la demande ainsi que celle des carburants liquides après 2015, et en conséquence abaisser leur part dans la consommation énergétique globale, de 38 % en 2004, à 34 % en 2030. A l'inverse, la part du gaz naturel, du charbon et des sources d'énergie renouvelables devrait augmenter sur la période. La production du pétrole dit non conventionnel (pétrole brut extra-lourd et bitumes) devrait augmenter de près de 8 millions de barils par jour et compter pour 9 % de l'offre des hydrocarbures liquides en 2030.
Le charbon, dont la consommation croît au rythme annuel moyen de 2,2 %, est la source d'énergie à la plus forte croissance, selon l'EIA. L'agence estime que ces trois pays devraient compter pour 86 % de la hausse de la demande mondiale de charbon d'ici à 2030. L'EIA prévoit aussi une croissance de l'utilisation du nucléaire : la capacité nucléaire mondiale devrait passer de 368 gigawatts en 2004 à 481 gigawatts en 2030, selon l'agence.
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