(LeFigaro)
GIEC, Acte III. Après le constat du changement climatique présenté à Paris en février et de ses conséquences à Bruxelles en avril, le groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec, IPCC en anglais) de l'ONU vient de publier son quatrième rapport sur les solutions pour limiter l'ampleur du réchauffement. Le « Résumé pour les décideurs » de 35 pages, rédigé cette semaine à Bangkok par 400 représentants de 120 pays, « identifie clairement des mesures pour lutter contre (...) à un coût relativement modéré », estime son président, Rajendra Pachauri.
« Aucun gouvernement ne peut faire valoir que ça nuira à son économie », se félicite Stephan Singer, responsable du programme Climat et énergie du WWF. Selon ce rapport, en effet, les mesures visant à limiter la hausse des températures autour de 2 °C par rapport à 1990 se traduiraient en effet par une baisse du taux de croissance annuelle du PIB à partir de 2030 de 0,12 %. Et une « part substantielle » sera compensée par l'effet positif de ces actions sur la santé. Mais il faut faire vite, ont alerté les experts. Les émissions devraient atteindre un pic en 2015 avant de décroître, pour contenir la hausse des températures mondiales entre 2 et 2,4 °C, selon le meilleur scénario du Giec.
Celui-ci suppose de stabiliser la concentration en gaz à effet de serre dans l'atmosphère entre 445 et 490 parties par million, contre environ 380 ppm actuellement et 285 avant l'ère industrielle. Or, « plus le niveau de stabilisation est faible, plus le maximum et la décroissance doivent se produire tôt », mettent en garde les scientifiques. D'où le rôle crucial des vingt à trente prochaines années pour atténuer le réchauffement.
Certains sujets sensibles ont fait l'objet d'échanges particulièrement vifs. C'est le cas du coût de ces actions, de la responsabilité des pays industrialisés dans la situation actuelle et du rôle du nucléaire. D'autant que « si le fauteuil de l'Arabie saoudite, habituellement virulente, était vide, la Chine a cherché à minimiser le rôle du charbon dans les émissions de gaz à effet de serre », explique le climatologue belge Jean-Pascal van Ypersele, de l'université catholique de Louvain.
Voici les principaux leviers d'action évalués :
- Bâtiment : secteur qui offre le plus grand potentiel
pour des actions à bas coûts. 30 % des émissions du secteur pourraient
être évitées d'ici à 2030.
- Transports : le secteur présente « de multiples options d'atténuation... mais leur effet peut être contrecarré par (sa) croissance », et elles butent sur « des obstacles multiples tels que les préférences des consommateurs et l'absence de politique en ce domaine ».
- Énergies renouvelables : elles pourraient représenter 30 à 35 % de l'approvisionnement en énergie en 2030.
- Biocarburants : ils pourraient représenter entre 3 % et 10 % de la demande totale d'énergie pour le transport en 2030.
- Puits de carbone et reforestation : « 65 % du potentiel d'atténuation se trouve sous les tropiques et la moitié de l'ensemble pourrait être réalisée en réduisant les émissions de la déforestation ».
- Nucléaire : son potentiel est inférieur à celui de l'efficacité énergétique des énergies renouvelables et du captage du CO2. Sa part dans la production d'électricité mondiale pourrait passer de 16 % à 18 % en 2030.
- Captage et séquestration du carbone : cette technologie, actu- ellement en test, qui consiste à capter les émissions industrielles et à les enfouir sous terre, est jugée très prometteuse.
- Géo-ingénierie : ces technologies, comme la fertilisation des océans, sont jugées « largement hypothétiques ».
Cyrielle den Hartigh, des Amis de la Terre, regrette que ces conclusions « mettent en avant des technologies encore trop peu fiables » comme la capture ou le stockage du carbone, au détriment des politiques d'efficacité énergétique « négligées ».
« Avec ces options, nous avons une chance d'éviter quelques-uns des scénarios les plus catastrophiques du Giec »,
estime pour sa part Yvo de Boer, secrétaire exécutif de l'organisation
de l'ONU en charge du climat. Il appelle de ses voeux le démarrage de
négociations sur l'avenir du protocole de Kyoto après 2012, à la
réunion de l'ONU de Bali en novembre. Car, comme le rappelle Karine
Gavand (Greenpeace) : « Plus on attend, plus les températures augmentent et les impacts s'aggravent ».
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