La Recherche, l'Innovation et l'Ecologie n'ont jamais été aussi présentes dans une campagne presidentielle. En 2004, les chercheurs français se révoltaient contre les conditions dans laquelle ils devaient exercer leur travaux de recherche qui n'étaient ni à la hauteur de l'histoire de notre pays ni à celle de ses ambitions pour l'avenir. Alors que les grands pays de la recherche, comme les Etats Unis et le Japon mais aussi la Suède, la Suisse ou la Finlande, ont réussi leur transition d'une économie industrielle vers une économie de la connaissance, la France n'a pas su suivre le peloton de tête malgré une recherche et des chercheurs de qualité. La France investit 2% de son PIB pour la recherche et l'innovation. Les Etats Unis, la Suède et la Finlande en dépense plus de 3%. En terme d'investissement totale pour la Connaissance (somme des dépenses consacrées à la R-D, à l’ensemble du secteur de l’enseignement supérieur et aux logiciels), la France dépense 3,7% de son PIB contre plus de 6% aux Etats Unis, Suède et Finlande (voir note).
Que faire ? Investir plus d'argent dans les organismes publics et leur donner les moyens de recrutrer les jeunes docteurs français sur des postes permanents et éviter le gâchis de la fuite des cerveaux (voir note)? Pourquoi pas mais la recherche publique est déjà financée à hauteur de 0,8 à 1% du PIB en fonction des estimations. Une rallonge de 25% du budget de la recherche public est probablement nécessaire soit 4 milliards d'euros. Cela permettra de supprimer définitivement les "libéralités" (voir note), ces salaires sans charge sociale versés aux jeunes chercheurs sans réel contrat et protection sociale. Cela permettrait également de ré-évaluer les salaires des chercheurs permanents (1700 euro net au CNRS en début de carrière à 30 ans!).
Néanmoins renflouer les caisses des organismes publics pour leur permettre de mieux traiter leur personnel n'est pas suffisant. Jamais ces organismes publics ne pourront absorber l'ensemble des jeunes chercheurs à la recherche d'un premier CDI. Jamais ces organismes ne pourront effectuer les missions d'innovation et de développement technologique assignées aux entreprises et industries privées. Le nouvel effort pour la recherche publique doit avant tout se concentrer sur la rédéfinition du cadre et des moyens de la recherche: favoriser l'autonomie des universités pour en faire de véritable campus d'excellence à la Suédoise ou à la Finlandaise en permettant par exemple l'émergence d'universités technologiques formatrices de chercheurs pour le public et le privé ; financer la recherche sur projets via l'Agence Nationale pour la Recherche. En clair donner la liberté aux chercheurs de s'organiser et de s'associer autour de pôles et de projets d'excellence pour l'innovation en France.
Le secteur privé est sans doute le plus sinistré dans la recherche française. 1% du PIB investit par ce secteur dans l'effort national de recherche. C'est deux fois moins qu'aux Etats Unis et pratiquement 3 fois moins qu'en Suède et Finlande ! Les entreprises françaises sont frileuses, et surtout emploient peu de docteurs de l'université, seul personnel formé par et pour la recherche (voir note). Dans les pays leaders en Recherche et Innovation, le doctorat est le plus haut diplôme et les jeunes docteurs occupent des postes dans la finance, l'industrie, la haute fonction publique etc. En France on trouve peu de docteurs aux commandes des entreprises ou de l'Etat. Même si des progrès ont été réalisés par les entreprises en matière de recrutement des jeunes docteurs et que le Medef s'intéresse à ces derniers, les ingénieurs des grandes écoles constituent encore le gros du bataillon des cadres du privé.
En France, un docteur est formé pour devenir un esprit libre, qui apprend à contredire et à douter pour prouver. Cela peut effrayer un industriel. Et réciproquement un projet industriel peut ennuyer un docteur. Soyons honnêtes. Le problème ne pourra pas se résoudre seulement à coup de milliards mais plutôt en stimulant de véritables contacts entre le secteur privé et les universités pour que nos docteurs, nos chercheurs ne soient plus formés dans l'ignorance de l'entreprise et de leurs devoirs vis à vis de la société. Libre à eux ensuite de choisir leur voie et leur carrière. Il s'agit donc de créer une synergie universités/industries au sein de grands pôles d'excellence en Recherche et Innovation afin de former les cadres de demain. Nous avons tous les moyens pour réussir. A nous de nous entendre pour l'avenir de notre société.
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