ERDEVEN (AFP) - Drapeaux bretons au vent, près de 10.000 personnes se sont rassemblées dimanche sur une plage du Morbihan pour protester contre un projet d'extraction de sable en mer au large de la presqu'île de Quiberon, piloté par Lafarge, le premier cimentier mondial.
Quelque 7.000 personnes selon les gendarmes, 12.000 selon le collectif du "Peuple des dunes" qui, selon son co-fondateur Jean Gresy, fédère 150 associations de défense de l'environnement, se sont rassemblées sur la plage d'Erdeven, entre Lorient et Quiberon.
Une partie des manifestants a composé une fresque humaine de 180 m de long sur 20 de large, pour former les lettres du nom de ce collectif qui, selon M. Gresy, regroupe "ostréiculteurs, pêcheurs, agriculteurs, plaisanciers et touristes", tandis que le bagad (groupe musical breton) de Locoal-Mendon (Morbihan), réputé en Bretagne, faisait résonner binious et bombardes.
Pancartes et banderoles indiquaient notamment "Lafarge touche pas à mon sable", "Le Marchand de sable ne passera pas".
Près de la mer, des enfants conduits par leurs parents construisaient des châteaux de sable en présence d'élus locaux ceints de leur écharpe tricolore et de la candidate des Verts à la présidentielle, Dominique Voynet, qui possède une maison sur l'île de Groix.
Jérôme Loire, adjoint au maire de Locoal-Mendon, et ostréiculteur, casquette de marin vissée sur le crâne, a expliqué que "face à un projet industriel d'une telle ampleur, on craint pour les ressources naturelles, en particulier le phytoplancton". "Quel impact ce projet aura-t-il sur sur la ria d'Etel, notamment sur les mouvements de sable et le régime des marées dont dépend la fameuse barre d'Etel?", s'interroge-t-il.
Lafarge prévoit, selon les organisateurs, d'extraire 18 millions de tonnes de sable pendant 30 ans sur les fonds marins du domaine public maritime sur l'axe Belle-Ile/île de Groix.
Jean Gresy estime que le projet de Lafarge entraînerait une submersion d'une grande partie du littoral, consécutive à la disparition des dunes côtières. "Carnac risque d'être submergé comme plusieurs localités de la presqu'île de Quiberon, car le bâti y est d'une hauteur maximum de six mètres", affirme-t-il.
La filiale de Lafarge en charge du projet, la Société rennaise de dragage, se défend cependant en disant que les premières études menées démontrent qu'une extraction de sable n'aurait pas d'impact significatif sur l'environnement.
Le groupe a rappelé dans un communiqué qu'il s'était engagé "à arrêter immédiatement ce projet si le moindre risque était identifié pour l'environnement et le monde de la pêche". Il s'est par ailleurs dit "prêt à confronter les résultats" des études menées sur le projet "avec les experts scientifiques".
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