POTSDAM, Allemagne (Reuters) - Un consensus sur la nécessité de protéger l'environnement à l'échelle planétaire se dessine parmi les pays du G8 mais les Etats-Unis et certains pays divergent encore sur des points importants, a annoncé samedi l'Allemagne.
Les ministres de l'Environnement du G8, qui regroupe les sept pays les plus industrialisés du monde et la Russie, se sont réunis à Potsdam en Allemagne pour préparer un sommet, prévu en juin, où le changement climatique sera l'un des principaux thèmes abordés.
"Sur deux dossiers, les Etats-Unis étaient les seuls à se démarquer du consensus", a déclaré aux journalistes le ministre allemand de l'Environnement, Sigmar Gabriel, qui a présidé cette réunion programmée sur deux jours.
Gabriel a ajouté que Washington demeurait opposé à la mise en place d'un système international d'échanges de quotas d'émissions de dioxyde de carbone semblable à celui mis en place au sein de l'Union européenne.
Les Etats-Unis, a-t-il dit, rejettent l'idée selon laquelle les pays développés devraient contribuer à trouver un équilibre entre la croissance économique nécessaire aux pays en voie de développement et la protection de l'environnement. "Nous trouvons cela regrettable", a-t-il dit, ajoutant qu'il "aurait été déçu s'il ne s'y attendait pas".
Le sommet du G8 prévu en juin aura lieu à Heiligendamm, station balnéaire allemande sur la mer Baltique. Le changement climatique y sera longuement abordé, selon le souhait de la chancelière allemande Angela Merkel. Des pays en voie de développement présents à la réunion de Potsdam seront représentés à Heiligendamm: Chine, Inde, Afrique du Sud, Brésil et Mexique.
Yvo de Boer, secrétaire exécutif de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques, a déclaré aux journalistes que des progrès avaient été réalisés sur certains points, et s'est félicité du consensus sur les causes du réchauffement climatique.
"SOLIDE CONSENSUS"
L'administration Bush a pendant des années douté de la fiabilité des études scientifiques concluant à la responsabilité de la pollution liée à l'activité humaine dans le réchauffement du climat, mais elle a changé de position sur ce point.
Washington soutient à présent les conclusions d'un rapport publié le mois dernier par le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat de l'Onu.
Ce dernier désignait les émissions de gaz à effet de serre découlant de l'activité humaine comme la principale cause du réchauffement et prédisait un accroissement des sécheresses et des canicules, ainsi qu'une hausse du niveau des mers.
"Il y a un solide consensus sur les aspects scientifiques", a déclaré de Boer. "Nous pouvons maintenant oublier cette période où les données scientifiques étaient mises en doute."
Plusieurs organisations écologistes ont critiqué l'attitude des Etats-Unis, qui s'est retiré en 2001 du protocole de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et a refusé d'apporter, à Potsdam, son soutien à l'adoption d'objectifs pour les réductions d'émissions de dioxyde de carbone.
Les pays en voie de développement justifient par le refus américain de se plier à ces restrictions, alors même que les Etats-Unis sont le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, leur propre réticence à s'engager.
Pour Tobias Münchmeyer, de Greenpeace, Merkel devrait faire du sommet de Heiligendamm une "réunion de crise sur le climat" lors de laquelle les membres du G8 s'engageraient à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 30% d'ici 2020.
Selon lui, la communauté internationale ne devrait pas attendre que les Etats-Unis soient d'accord pour adopter des objectifs ambitieux et obligatoires. "Nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre le pays le plus lent", a-t-il dit.
Le protocole de Kyoto expire en 2012 et la position des Etats-Unis revêtira une grande importance lors des négociations sur les plafonds d'émissions de l'après-Kyoto.
Le G8 regroupe les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, l'Allemagne, le Canada, le Japon et la Russie.
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