WASHINGTON (AP) - Le réchauffement de la planète pourrait entraîner la disparition des conditions climatiques actuelles dans certaines régions du monde, ainsi que l'apparition de nouveaux types de climats, selon une nouvelle étude américaine.
Ces changements pourraient menacer les plantes et les animaux vivant dans les zones affectées, mais aussi profiter à des espèces dans certaines régions, souligne John Williams, professeur adjoint de géographie à l'université du Wisconsin.
L'équipe de M. Williams a utilisé des modèles informatiques pour évaluer l'impact du réchauffement sur le climat de diverses régions. Ses travaux sont publiés cette semaine dans l'édition en ligne des "Proceedings of the National Academy of Sciences".
Les chercheurs se sont servis de prévisions préparées pour le Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), qui a jugé en février que le réchauffement était "sans équivoque". Les régions tropicales pourraient en particulier subir des changements inattendus, notamment les forêts tropicales de l'Amazonie et de l'Indonésie, selon l'étude.
Une conclusion surprenante, car les tropiques ont un climat assez stable, explique M. Williams. Cela signifie également qu'un changement de température de 1,6 à 2,2 degrés Celsius pourrait avoir des conséquences plus profondes dans ces régions qu'une variation de 2,7 à 4,4 degrés ailleurs.
Les espèces des zones tropicales pourraient aussi avoir une capacité d'adaptation moindre que celles d'autres régions, mais il ne s'agit encore que d'une théorie et des études doivent encore être menées sur le sujet, précise M. Williams.
Le sud-est des Etats-Unis et la péninsule arabique pourraient également être touchés. En outre, des régions montagneuses comme les Andes péruviennes et colombiennes, ou encore la Sibérie et le sud de l'Australie risquent de voir leur climat actuel disparaître: les conditions climatiques régnant aujourd'hui dans ces zones pourraient du coup ne plus exister sur Terre.
Une telle évolution pourrait menacer les plantes et les animaux de ces régions. Mais l'apparition de nouveaux climats dans certaines zones pourrait aussi offrir des opportunités pour les espèces qui y vivent, spécule M. Williams. "Toutefois nous ne pouvons pas faire de prédiction, car cela dépasse notre expérience actuelle", ajoute-t-il.
Alan Robock, professeur de sciences environnementales à l'université Rutgers, salue l'étude, selon lui la première à s'intéresser "non seulement aux extinctions d'espèces mais aussi aux régions qui connaîtront de nouveaux climats". "Les conséquences potentielles sont mal connues (...) et le potentiel de nouvelles menaces sur l'homme via des vecteurs de maladie pourrait être un vrai danger", prévient-il.
M. Robock estime que les conclusions de l'étude, à laquelle il n'a pas participé, sont un argument de plus en faveur de la lutte contre les émissions de gaz à effet serre, responsables du réchauffement.
Commentaires