PARIS (AFP) - Réduire les émissions de gaz à effet de serre permet de lutter contre le changement climatique mais certaines actions peuvent avoir des conséquences néfastes pour la santé et l'environnement, soulignent les experts.
"C'est une situation paradoxale, très peu connue", indique Jean-Felix Bernard, ancien président du Conseil national de l'air. "Certaines opérations de lutte contre l'effet de serre peuvent avoir un effet d'augmentation des polluants avec une toxicité immédiate", explique ce spécialiste des questions de pollution de l'air. Par exemple, isoler son logement permet de faire des économies d'énergie et de contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre responsables du réhauffement planétaire.
Mais à l'intérieur, l'air peut être irrespirable s'il n'est pas renouvelé, "une véritable mixture avec des polluants de l'air extérieur et intérieur", s'inquiéte Philippe Richert, sénateur UMP du Bas-Rhin, dans son récent rapport sur la qualité de l'air.
Près d'un logement sur dix en France présente des niveaux de pollution chimique très élevés, a révélé l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur dans une récente étude. Autre exemple, le chauffage au bois, très écologique à priori car il est neutre en terme d'effet de serre, les quantités de gaz carbonique rejetées lors de la combustion s'équilibrant avec celles consommées par l'arbre pendant sa croissance.
Pourtant, ce mode de chauffage, vivement encouragé par les pouvoirs publics, pollue: il représente près de 40% des émissions de particules les plus fines et les plus toxiques, selon le sénateur Richert.
"Cette réalité est aujourd'hui méconnue, voire occultée en France", estime-t-il.
La France est le premier pays consommateur de bois-énergie en Europe. Au Canada et en Suisse, les pouvoirs publics ont pris des mesures récemment pour limiter le recours à ce type de chauffage.
Les biocarburants pourraient également se révéler une autre fausse bonne idée. L'association de consommateurs UFC-Que Choisir et la Confédération paysanne, opposée à l'agriculture intensive, ont exprimé récemment des doutes sur le bilan énergétique des agro-carburants. Les biocarburants proviennent de zones de grandes cultures, nécessitant de grandes quantités d'engrais fabriquées à partir de pétrole et de l'énergie pour les tracteurs, les transports des récoltes et leur transformation.
Si l'on tient compte de l'énergie consommée tout au long du processus de fabrication, "le biocarburant ne présente aucun intérêt, le gain énergétique est nul tant sa production consomme d'énergie", selon Que Choisir.
Le moteur diesel, présenté comme plus "propre" que le moteur à essence par les constructeurs automobiles, parce qu'il consomme 20% à 30% de moins et qu'il dégage ainsi moins de CO2, est néanmoins plus nocif que l'essence pour l'air ambiant, car il émet plus de particules et d'oxydes d'azote. Les particules diesel font partie des particules fines en suspension dans la pollution atmosphérique, dangereuses dans la mesure où elles peuvent pénétrer profondément dans les poumons et atteindre la région alvéolaire, selon l'Afsset, l'agence santé-environnement.
Le filtre à particules permet d'éviter cette pollution mais sa généralisation n'est pas prévue avant 2010 avec la norme Euro 5.
Pour que la totalité du parc diesel soit renouvelée, il faudra s'armer de patience, fait remarquer M. Richert, la durée de vie moyenne d'une voiture étant d'environ 13 ans.