(Lu sur LeMonde.fr)
Il y a sept ans, en 2000, l'Union européenne se donnait pour objectif la création d'un espace européen de la recherche. La Commission s'inquiète aujourd'hui du retard pris et exhorte les Etats membres à se donner les moyens de le relancer.
Facteur-clé de la croissance dans la nouvelle économie de la connaissance, la recherche en Europe n'est pas à la hauteur des attentes, faute d'être organisée à l'échelle de l'Union et dotée des moyens nécessaires. C'est ce que souligne la Commission dans un document qui sera soumis, à partir du 1er mai, à la discussion des institutions européennes, des Etats et des chercheurs. En 2005, le budget global de la recherche ne représentait que 1,8 % du produit intérieur brut (PIB) de l'Union, loin du chiffre de 3 % que celle-ci se propose d'atteindre à l'horizon 2010.
Le commissaire à la recherche, Janez Potocnik, se défend de vouloir imposer une politique unique, gérée d'une manière centralisée. Il s'agit, dit-il, de faire de la libre circulation de la connaissance "la cinquième liberté", à côté des marchandises, des services, des capitaux et des personnes.
M. Potocnik demande que les chercheurs puissent travailler où ils le veulent sans que leur carrière en souffre et que les fruits de leurs recherches circulent librement en Europe. Il veut aussi que les universités et autres organismes de recherche aient plus de liberté pour recruter, choisir un partenaire ou définir leurs priorités. L'effet de ces changements serait considérable, affirme-t-il.
Le rapport de la Commission met l'accent sur les difficultés qui freinent cette évolution. "Aujourd'hui, indique-t-il, la plupart des chercheurs en Europe continuent à voir leurs perspectives d'avenir bridées par les frontières institutionnelles et nationales, des conditions de travail médiocres et des possibilités d'avancement limitées."
La Commission constate que "les postes universitaires restent réservés en grande partie au personnel national", que "la concurrence transparente en matière de recrutement demeure l'exception" et que "la mobilité transfrontalière ou entre l'université et l'entreprise tend à être pénalisée plutôt que récompensée". Elle note que les institutions de recherche souffrent d'une trop grande dispersion de leurs ressources et de l'insuffisance de leurs liens avec les entreprises.
La Commission estime que la qualité moyenne de la recherche publique européenne est "bonne", mais que, dans nombre d'institutions, "elle n'est pas de classe mondiale". Elle ne le deviendra, selon le rapport, que si l'Europe met en place des "centres d'excellence" compétitifs ainsi que des partenariats "forts et durables" entre les institutions de recherche et les entreprises.
Commentaires