LONDRES (Reuters) - La Grande-Bretagne a présenté un ambitieux projet de loi fixant des limitations aux émissions de gaz à effet de serre, dans le cadre de ses efforts pour trouver à terme un cadre international appelé à succéder au protocole de Kyoto, qui vient à échéance en 2012.
Dans son projet de loi sur le changement climatique, le gouvernement estime que les émissions de dioxyde de carbone doivent diminuer de 60% d'ici à 2050 et prévoit la création d'une commission de contrôle indépendante pour étudier chaque année les progrès effectués dans l'optique de cet objectif.
Le Premier ministre britannique Tony Blair avait placé les questions de changement climatique en tête des priorités internationales lorsqu'il a dirigé le Groupe des Huit (G8), en 2005, et la Grande-Bretagne pourrait désormais devenir le premier pays à se fixer par voie législative des limites contraignantes en matière d'émissions de gaz à effet de serre.
"Le projet de loi sur le changement climatique, le premier de ce genre à être élaboré dans un pays, démontre notre volonté de rester les leaders en la matière", a déclaré le ministre britannique de l'Environnement, David Miliband.
D'ici à 2020, le projet de loi fixe un objectif contraignant de réduction de 26% à 32% de dioxyde de carbone.
"Il faut féliciter Miliband d'avoir publié ce projet de loi et il a raison d'en être fier - le gouvernement et lui sont un exemple pour le reste du G8", a estimé Andrew Pendleton, spécialiste des questions climatiques à l'ONG Christian Aid.
Le projet de loi sera soumis à débat public et aux parlementaires avant d'être voté par les députés, l'année prochaine, mais les militants écologistes souhaiteraient que l'objectif soit porté à 80% de réduction d'ici à 2050 et qu'un objectif annuel de 3% de réduction soit fixé pour garantir l'application du plan.
L'ENVIRONNEMENT, GRAND THÈME ÉLECTORAL
"Si la loi, dans sa version définitive, n'est pas renforcée, le processus représentera une grande occasion manquée. C'est la première étape d'un long processus", a dit Pendleton.
Le gouvernement rejette la fixation d'objectifs annuels, les jugeant trop rigides.
La Grande-Bretagne et l'Allemagne sont à la pointe du combat pour qu'un accord succède au protocole de Kyoto et englobe des économies en plein "boum" comme la Chine et l'Inde, ainsi que les Etats-Unis qui ont rejeté le protocole en 2001.
"La voie suivie par la Grande-Bretagne est la bonne. Il est important de créer les conditions légales et économiques nécessaires à la protection de l'environnement", s'est réjouie la chancelière allemande Angela Merkel, dont les propos sont cités par le Süddeutsche Zeitung.
Stavros Dimas, commissaire européen à l'Environnement, salue dans les mêmes colonnes "une initiative courageuse" et un signal à l'attention des autres membres de l'UE.
Londres insiste sur la nécessité de modifier les comportements individuels et estime qu'il faut inciter la population à réduire sa consommation d'énergie.
Le ministre des Finances, Gordon Brown, a déclaré lundi que la Grande-Bretagne allait progressivement cesser d'utiliser les ampoules trop gourmandes, aider les particuliers à mieux isoler leurs habitations et tenter de convaincre l'Union européenne d'interdire certains appareils électriques qui gaspillent l'énergie.
Dans le même temps, le gouvernement hésite à augmenter les taxes sur les carburants, les véhicules les plus polluants et les voyages aériens - mesures qui s'avèreraient impopulaires dans un pays qui adore la voiture et les vacances peu onéreuses.
Tony Blair doit quitter ses fonctions dans les mois à venir et Brown devrait selon toute vraisemblance lui succéder, mais leur formation, le Labour, est loin à la traîne dans les sondages derrière le Parti conservateur. Les deux partis s'efforcent chacun d'apparaître comme plus écologiste que l'autre, et l'environnement devrait être un des grands thèmes des prochaines législatives, prévues en 2009.
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