PARIS (AP) - Les chefs d'Etat de gouvernement de l'Union européenne ont rendez-vous jeudi et vendredi à Bruxelles pour un sommet au cours duquel ils devraient se fixer un objectif de réduction de 20% des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2020. Mais ils se divisent encore sur les moyens d'y parvenir, les Allemands plaidant pour un objectif contraignant de 20% d'énergies renouvelables quand les Français préfèrent parler d'énergies "faiblement carbonées", c'est-à-dire incluant le nucléaire.
Pour ce qui devrait être le dernier Conseil européen de son mandat, Jacques Chirac devrait plaider en faveur d'un engagement fort de l'UE contre le réchauffement climatique. Il souhaite que l'Union "fasse preuve de leadership" dans ce domaine, selon son porte-parole Jérôme Bonnafont. Pour cela, "l'Europe doit donner l'exemple en adoptant des objectifs chiffrés et contraignants, et politiquement engageants, de réduction des émissions de gaz à effet de serre".
Cela devrait être chose faite à Bruxelles. Les 27 devraient s'engager unilatéralement à réduire de 20% leurs émissions d'ici 2020. Et si les autres pays -et notamment les Etats-Unis -suivent le mouvement, ils pourraient aller jusqu'à 30%. L'UE s'était déjà fixé un objectif de réduction compris entre 60 et 80% d'ici 2050.
Pour cela, l'Union européenne devrait décider de réaliser 20% d'économies d'énergies supplémentaires d'ici 2020. Elle veut aussi privilégier des sources d'énergies moins polluantes. Et c'est bien là que le bâts blesse.
La chancelière allemande Angela Merkel, présidente en exercice de l'UE, propose de fixer un objectif chiffré et contraignant de 20% d'énergies renouvelables (hydraulique, biomasse, éolienne, solaire) d'ici 2020. Un objectif ambitieux: pour l'heure, elles ne représentent que 6% de la production d'énergie en France ou 3% en Allemagne.
Mais Paris, qui a fait le choix du nucléaire depuis les années 1970, préférerait un objectif portant sur les énergies "faiblement carbonées", c'est-à-dire incluant aussi le charbon propre et, surtout le nucléaire, qui représente aujourd'hui 40% de sa production d'énergie, contre 6% seulement pour l'Allemagne. Cette dernière, sous la pression des Verts, a fait le choix de se désengager progressivement du nucléaire.
A Bruxelles, Jacques Chirac plaidera donc "pour que l'Europe adopte un objectif ambitieux dans le domaine des énergies non carbonées, au sein duquel il peut y avoir bien entendu un objectif sur les énergies renouvelables", selon M. Bonnafont. Cet objectif serait "de préférence chiffré". Le chiffre d'un objectif de 40% d'énergies faiblement carbonées d'ici 2020 circule.
L'Autriche, le Danemark et l'Irlande -trois pays non-nucléaires-, s'opposent à la démarche française, alors que 11 autres pays contestent l'objectif allemand de 20% d'énergies renouvelables. Pour nombre d'entre eux, cela représenterait en effet un effort d'investissement très important.
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