Bayrou décline ses propositions sur son site et dans un livre programme intitulé "Projet d'espoir". Les "propositions", mélange d'extraits de discours et de constats, ne propose en réalité rien de très précis.
Ambition ou immobilisme ?
La mesure phare pour l'université et l'enseignement supérieur est « Porter l'investissement par étudiant au niveau de celui des pays performants de l’OCDE. » C'est certes mieux que Ségo (voir note) mais toujours très imprécis. Quel est la définition d'un pays performant de l'OCDE ? Performant pour son nombre d'étudiants de l'université qui trouve un travail en sortant de la fac ? Dans ce cas, les pays performants sont les Etats Unis, la Suède et la Finlande. Les Etats Unis avec 24000$ dépensés par étudiant ou la Finlande avec 12000$ par étudiant ? La France se situe dans la moyenne de l'OCDE avec 10700 $ par étudiant. Clairement la proposition de Bayrou permet de rester au niveau actuel car nous sommes un pays moyennement performant mais pas très performant. Elle peut permettre également une ambition à la hauteur de notre histoire. Pourquoi être si vague M. Bayrou ? La réponse est clairement donné par Bayrou lui-même qui veut porter "...l’investissement par étudiant au niveau de la moyenne des pays performants de l’OCDE : ce qui signifie un objectif de doublement en dix ans." Dix ans donc de pour se mettre au niveau de la Suède et deux quinquénats ! L'ambition est clairement affichée !
Autonomie ou immobilisme ?
Sur l'autonomie des universités, Bayrou propose: "Je veux défendre le modèle universitaire français. S’il n’est pas question de toucher au statut national des diplômes, la question du degré d’autonomie des universités est posée, en particulier pour les budgets de recherche." Très bien de poser la question mais quelle est la réponse ? Les universités n'ont ni les moyens de leur ambition ni la possibilité de sélectionner leurs étudiants. Les universités devraient être placées au centre de l’effort de recherche, comme c’est le cas dans tous les autres pays développés. Que propose M. Bayrou sur ces points critiques: "université a besoin de tuteurs, de répétiteurs, de moniteurs, d’interlocuteurs des étudiants débutants, de bibliothécaires..." Et de jardiniers également pour couper l'herbe ? Les universités ont besoin de recrutrer des enseignants-chercheurs pour redevenir le moteur de l'intelligence française et permettre ainsi à ses chercheurs de vivre confortablement leur métier d'enseignants et de chercheurs. Aujourd'hui un enseignant-chercheur a une charge d'enseignement de 192 heures/an et doit lui-même écrire son cours à la différence des profs des lycées qui suivent un programme bien défini et peuvent s'appuyer sur un livre scolaire (ce qui ne diminue en rien leur mérite). Aujourd'hui l'enseignant-chercheur est en réalité plus un enseignant qu'un chercheur. Mais il est comptabilisé comme chercheur dans le budget de la recherche. Cette charge devrait être ramenée à 110 h ce qui nécessiterait l'embauche d'enseignants-chercheurs. Pour l'autonomie, le ministre de l'éducation nationale de Bayrou tranchera: s'il est de gauche, on gardera la bonne vieille université centralisée; s'il est de droite, on verra peut-être l'autonomie. Le mieux bien sûr sera de ne rien faire pour obtenir un plus grand consensus.
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