BRUXELLES (AFP) - Les 27 devraient appeler jeudi à développer fortement les énergies renouvelables, car peu de pays européens investissent encore à grande échelle dans ces technologies coûteuses et les promesses passées n'ont pas été tenues.
Energie éolienne, solaire, géothermique, houlomotrice, marémotrice, hydroélectrique, biomasse, gaz de décharge, gaz de stations d'épuration d'eaux usées, biogaz, biocarburants...: l'exploitation des énergies dites "renouvelables" -sources d'électricité, de carburant ou de chauffage, faiblement émettrices de CO2- est tirée par une poignée de pays.
Désireux de réduire les gaz à effet de serre (dont 80% proviennent de la consommation d'énergie), les 27 sont d'accord pour que ces énergies composent 20% du bouquet énergétique des Européens en 2020. Ce qui voudrait dire tripler leur poids actuel (6-7%).
S'ils veulent se montrer réellement déterminés lors du sommet, les pays de l'UE devront néanmoins rendre cet objectif chiffré obligatoire.
"Les industriels doivent faire des investissements à long terme dans les renouvelables, ils veulent des assurances", fait valoir le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, qui plaidera jeudi pour un objectif contraignant.
Les Européens ont déjà tenté de promouvoir ces énergies. En 2001, ils s'étaient même fixés pour objectif d'arriver à 12% de part d'énergies renouvelables d'ici 2010.
Mais cet objectif ne sera pas atteint et la part ne dépassera pas 10%, concluent déjà les experts de la Commission, en raison du "coût élevé" des investissements et de "la complexité, la nouveauté et du caractère décentralisé" des énergies renouvelables.
Surtout, la Commission note que les progrès enregistrés sont essentiellement "le résultat des efforts de quelques Etats membres ayant fait preuve de détermination".
En 2001, chaque Etat s'était fixé un objectif national pour augmenter sa part de renouvelables dans la consommation d'électricité d'ici 2010. Ensemble, ils devaient s'approcher d'une part de 21% de la consommation totale d'électricité de la Communauté.
Seul ce secteur de l'électricité a enregistré "une croissance vigoureuse" dans l'UE ces dernières années, et pourrait s'approcher du but communautaire fixé, peut-être à 19%.
Mais seuls neuf pays membres -Allemagne, Danemark, Espagne, Finlande, Hongrie, Irlande, Luxembourg, Pays-Bas et Suède- sont en passe d'atteindre l'objectif national qu'ils s'étaient fixé.
"L'heure n'est pas à l'autosatisfaction. La majorité des Etats membres restent très en retard dans leurs efforts", assène la Commission.
Quant au secteur des biocarburants --seuls substituts à grande échelle pour remplacer l'essence et le gazole dans les transports--, il reste embryonnaire. Là encore des objectifs très modestes, incrits dans une loi de 2003, sont sur une voie de garage.
Seules la France, la Suède et l'Allemagne se targuent d'une part de plus de 1% des biocarburants dans le total des carburants consommés. L'Allemagne a absorbé à elle seule les deux-tiers de la consommation totale de l'UE.
Jeudi, les 27 devraient néanmoins s'imposer un objectif obligatoire de 10% de biocarburants dans leur consommation d'ici 2020.
Enfin, dans le troisième secteur du chauffage et du refroidissement, les renouvelables représentent aujourd'hui moins de 10% de l'énergie consommée et progressent très peu. D'autant que l'UE n'a adopté là-dessus aucune législation.
L'association regroupant les industriels européens des énergies renouvelables (EREC) voudrait des objectifs clairs dans les trois secteurs des renouvelables "pour inspirer la confiance des investisseurs".
Mais l'organisation patronale européenne, Business Europe, est opposée à tout objectif contraignant.
"Des questions restent ouvertes, en particulier sur les efforts financiers nécessaires pour promouvoir la recherche dans de nouvelles technologies", juge son président, Ernest-Antoine Sellière.
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