Certains de nos adversaires prétendent vouloir faire de l’éducation la priorité de leur programme. Ils oublient de préciser que, depuis 25 ans, la gauche a confisqué le débat sur l’école. Elle y a répandu une véritable idéologie pédagogique qui s’est révélée illusoire pour beaucoup d’enfants, le plus grave étant qu’elle l’a imposée aux enseignants. Elle a refusé de poser la question de l’organisation et de la répartition des moyens au profit de logiques clientélistes et au détriment du renforcement des équipes enseignantes dans les établissements les plus en difficulté. Elle a enfermé l’école sur elle-même au lieu de l’ouvrir sur les familles et les besoins de la société et du monde du travail.
Pour nous, l’éducation doit être une priorité dans les faits, pas dans les discours. D’abord parce que, dans nos sociétés développées, le niveau de formation est le seul et vrai passeport pour l’emploi. Ensuite parce qu’aujourd’hui, 160 000 enfants sortent de l’école chaque année sans aucune qualification et que l’école n’est plus le moteur de l’égalité des chances et de la promotion sociale.
Etre exigeant et avoir de l’ambition, un devoir vis-à-vis des élèves :
L’école, et notamment l’école primaire, a d’abord à l’égard des enfants une obligation de résultats dans l’apprentissage des savoirs fondamentaux et la transmission du patrimoine culturel. Sans ce socle, on ne peut ni vivre, ni s’épanouir. Cette obligation est d’autant plus grande qu’elle concerne des enfants défavorisés dont les familles ne peuvent pas suppléer les manques de l’école.
Nous affirmons que plus un enfant est défavorisé, plus l’école a le devoir d’être exigeante et ambitieuse pour lui, une politique radicalement inverse à celle qui a été suivie pendant de nombreuses années.
Nous refusons d’entrer dans la question de savoir si c’est par des méthodes répétitives, participatives, ludiques ou autres que les enfants apprennent le mieux. Nous pensons que chaque enfant est différent et que les personnes les mieux placées pour savoir ce qui est bon pour lui sont ses enseignants et sa famille. C’est pourquoi nous garantirons la liberté pédagogique des enseignants.
Les programmes seront bien sûr nationaux. Mais les enseignants auront le choix des méthodes car aucune circulaire administrative ne remplace l’expérience de 10 ou 20 ans d’enseignement. Nous évaluerons les enseignants sur les progrès de leurs élèves et non pas sur les méthodes utilisées. Nous conforterons leur autorité.
De l’autonomie pour les établissements :
Pour pouvoir répondre aux besoins de chaque enfant et de chaque famille, pour pouvoir tenir compte de l’environnement dans lequel leurs élèves évoluent, les responsables d’établissements auront plus d’autonomie. Nous revaloriserons leur statut et nous leur donnerons les moyens de mettre en place, avec les équipes éducatives de leurs établissements, de vrais projets d’établissements. Ils auront les moyens de rémunérer les enseignants volontaires pour assurer de nouvelles missions au sein des établissements : heures supplémentaires, suivi individualisé des élèves, présence entre les cours, encadrement des études dirigées qui seront proposées dans tous les établissements pour les familles qui le souhaitent… Cela permettra de mieux payer les enseignants, une condition sans laquelle tout discours sur la revalorisation du savoir et de l’autorité n’a aucun sens.
Chaque établissement scolaire sera évalué par une instance indépendante dont les résultats seront rendus publics. C’est la contrepartie de l’autonomie. Un établissement qui aurait des résultats insuffisant recevrait immédiatement une aide de son académie et, le cas échéant, des moyens supplémentaires.
Notre système éducatif lui-même sera évalué régulièrement par un organisme indépendant.
Valoriser toutes les formes d’intelligence :
L’expérience de la « Main à la pâte » de Georges Charpak est un exemple parmi d’autres de la capacité de l’école française d’inventer de nouvelles manières d’enseigner. La « Main à la pâte » enseigne les sciences au travers d’expériences pratiques. Elle a l’avantage de valoriser d’autres qualités chez les élèves que celles mises en avant par un enseignement académique plus traditionnel. Elle peut révéler des élèves que l’on croyait moins intéressés. Il en est de même avec le sport ou avec la pratique d’une activité artistique.
Grâce à l’autonomie, les établissements vont pouvoir diversifier les méthodes et les approches, valoriser de nouvelles compétences chez les élèves, telles que les compétences manuelles, artistiques, la créativité, l’imagination. Chaque famille sera certaine de trouver un établissement dans lequel l’intelligence de son enfant sera pleinement mise en valeur, et la société dans son ensemble s’enrichira de nouvelles compétences. Les études internationales sur le système scolaire français n’ont d’ailleurs pas manqué de relever le caractère parfois trop homogène de la formation et des compétences des élèves. C’est donc un avantage pour tous.
De la liberté de choix pour les parents :
La conséquence logique de l’autonomie plus grande des établissements scolaires est le libre choix par les parents de l’établissement qui convient le mieux à leurs enfants. La suppression de la carte scolaire, qui n’existe plus dans aucun pays d’Europe, est notre objectif. Mais elle suppose que certaines conditions soient remplies, en particulier que chaque établissement se soit doté d’un projet et ait les moyens de le mettre en œuvre. Nous procéderons donc par étapes. Dès la rentrée scolaire 2007, chaque établissement pourra accueillir entre 10 et 20% d’enfants en dehors du secteur, une proportion que nous élèverons progressivement. A l’inverse, chaque établissement devra respecter un équilibre dans la composition sociale et géographique de ses effectifs. Ce n’est pas parce que la carte scolaire ne permet plus la mixité sociale au sein des établissements, et au contraire aggrave la ségrégation, que la mixité ne reste pas le deuxième facteur de réussite des élèves après la qualité pédagogique des enseignants. Si nous voulons supprimer la carte scolaire, ce n’est pas parce que nous sommes contre la mixité sociale, mais au contraire parce que nous pensons qu’il est urgent de la rétablir.
Tous les parents qui le souhaitent auront la possibilité de scolariser leurs enfants dans un établissement pratiquant le mi-temps sportif, culturel ou artistique.
De même, les relations entre l’école privée et l’école publique se sont beaucoup apaisées. L’école privée s’est ouverte à toutes les catégories sociales et répond aujourd’hui à la demande de certains parents d’un encadrement éducatif plus poussé. Nous pensons que les conditions sont aujourd’hui réunies pour donner plus de liberté aux établissements sous contrat dans leur implantation et permettre aux parents qui le veulent de scolariser leurs enfants dans l’enseignement privé.
Les familles plus impliquées
:
Pendant qu’une idéologie mettait l’enfant au même rang que le maître, une autre idéologie mettait la famille au même rang que l’enfant. L’école ne reconnaît les parents que comme membres, parmi d’autres, d’une communauté éducative, rarement comme les premiers responsables de l’éducation de leurs enfants, ce qu’ils sont pourtant et leur donne des droits et des devoirs. Nous voulons rendre l’école aux familles, en leur donnant un droit d’information, un droit d’être reçues rapidement par les enseignants de leurs enfants et le chef d’établissement, un droit d’implication et une participation plus forte à la prise de décision en matière d’organisation de la vie scolaire.
Le sport, école de vie :
Nous doublerons les heures de sport dans tous les établissements, et ce dès le primaire : au-delà de ses effets sur le bien-être et la santé de chacun, le sport est une école de vie et transmet des savoir être essentiels à la vie sociale et professionnelle.
L’éducation culturelle et artistique, levier de la démocratisation culturelle :
Si l’objectif de démocratisation culturelle a échoué, c’est que nos politiques culturelles n’ont pas su ou pu s’appuyer sur l’école pour donner aux enfants les clés essentiels leur permettant et leur donnant envie d’accéder au patrimoine et à la création contemporaine. C’est d’autant plus regrettable que la culture est facteur de sens et de cohésion. Nous valoriserons l’éducation artistique et culturelle à l’école, sur des bases exigeantes (renforcement des coefficients, apprentissage des techniques…). Nous pensons également que la vocation culturelle de l’apprentissage des matières fondamentales, comme les lettres, l’histoire, la philosophie, les sciences, doit être réaffirmée et justifie, plus que jamais, leur renforcement.
Mieux formés, plus initiés, nos élèves auront alors du plaisir, dès maintenant et à l’âge adulte, à se rendre dans les musées et à aller au spectacle. Nous rendrons pour tous, jeunes et adultes, l’accès gratuit aux musées nationaux, qui sont le patrimoine de la Nation, donc le patrimoine de tous.
Avec les communes et les enseignants volontaires, nous expérimenterons une nouvelle organisation scolaire consistant à recentrer l’école sur la transmission des savoirs fondamentaux, ce serait « l’école du savoir », et à confier les activités d’éveil, le sport, la culture, l’apprentissage de la vie civique dans toutes ses dimensions (citoyenneté, écologie, sécurité routière, secourisme, alimentation…), la découverte des métiers et le soutien scolaire aux municipalités, ce serait « l’école de la vie ». Les infrastructures nécessaires sont en pratique déjà gérées par les communes. Des bénévoles, des étudiants, des jeunes retraités, des responsables associatifs, des professionnels pourraient participer à l’encadrement des enfants.
Un vrai service d’orientation
:
L’orientation des élèves doit permettre à chacun de s’engager dans la voie qui correspond le mieux à ses talents, à ses goûts et aux réalités du marché du travail. Par une découverte précoce des multiples métiers existants, elle doit aussi donner envie d’apprendre et convaincre chacun que la réussite est moins une question de filière que de passion et d’engagement. C’est pourquoi nous créerons un vrai service d’orientation, plus en phase avec les besoins de l’économie et de la société. Nous ferons découvrir les métiers à tous les élèves de manière plus précoce qu’aujourd’hui. Nous mutualiserons les stages, qui sont actuellement un puissant facteur de reproduction sociale.
28 propositions pour l'Education : le devoir de réussite
- Affirmer que l’exigence pour tous dans les savoirs et la culture est la condition de l’égalité des chances et la mettre en œuvre.
- Garantir la liberté pédagogique des enseignants en les évaluant sur les progrès des élèves et non pas sur les méthodes utilisées.
- Conforter l’autorité des enseignants.
- Assurer la sécurité des établissements.
- Donner de l’autonomie aux établissements scolaires pour leur permettre de mettre en place de vrais projets d’établissement.
- Donner plus de poids aux chefs d’établissements scolaires et revaloriser leur statut.
- Prévoir des règlements intérieurs plus rigoureux dans les établissements scolaires et assurer la solennité de leur adoption.
- Proposer aux enseignants de nouvelles missions et les rémunérer en conséquence : études dirigées, présence dans les établissements, soutien individualisé…
- Adapter la scolarité aux besoins de chaque enfant au collège par l’individualisation des parcours.
- Organiser des études dirigées dans tous les établissements après 16h30 pour les familles qui le souhaitent.
- Evaluer chaque établissement par un organisme indépendant et rendre public cette évaluation.
- Aider les établissements qui ont de mauvais résultats à améliorer leurs performances.
- Faire évaluer le système éducatif lui-même par une instance indépendante.
- Permettre aux parents de choisir l’établissement scolaire de leurs enfants en assouplissant, puis en supprimant, lorsque les conditions en seront réunies, la carte scolaire.
- Exiger en contrepartie de tous les établissements scolaires le respect d’un équilibre dans la composition sociale et géographique des effectifs.
- Permettre à tous les parents qui le souhaitent de choisir pour leurs enfants un établissement réservant l’après-midi aux activités sportives, culturelles ou associatives.
- Desserrer les contraintes qui pèsent sur la répartition des effectifs entre le public et le privé, afin de permettre à tous les parents qui le souhaitent d’inscrire leurs enfants dans une école sous contrat.
- Donner plus de droits aux parents dans leurs relations avec l’école.
- Garantir le droit de tout enfant handicapé à être accueilli dans une école de droit commun.
- Multiplier par deux la place du sport à l’école.
- Permettre à tous les élèves d’être bilingues, et à ceux qui le peuvent d’être trilingues.
- Faire de l’école le levier de la démocratisation culturelle par une éducation culturelle et artistique plus soutenue, plus exigeante et par la réaffirmation de la dimension culturelle des enseignements fondamentaux (lettres, histoire, philosophie, sciences…).
- Faire intervenir des artistes dans les classes pour renforcer l’éducation culturelle et artistique.
- Créer un vrai service d’orientation, en phase avec les besoins du monde du travail et de la société.
- Diversifier les stages qui constituent actuellement un puissant facteur de reproduction sociale.
- Renforcer le temps consacré à l’enseignement général dans les filières technologiques et professionnelles et dans l’apprentissage, afin que ces élèves conservent la possibilité de revenir dans l’enseignement général.
- Créer des universités des métiers, parce que les élèves qui suivent l’apprentissage, l’enseignement technologique et l’enseignement professionnel ont également droit à des « grandes écoles » dans leurs domaines.
- Expérimenter, avec des communes et des enseignants volontaires, une répartition des compétences entre, d’un côté, l’Education nationale chargée de « l’école du savoir », de l’autre côté, la commune chargée de « l’école de la vie » (citoyenneté, culture, sport, activités d’éveil, découverte des métiers…).
- Transférer aux départements la compétence actuellement exercée par les régions en ce qui concerne les lycées.
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