Paru dans LeMonde du 05/06/2007
Depuis la mise en place d'un plan de développement des biocarburants par
la France, en 2005, les agriculteurs de l'Hexagone ne jurent plus que
par ce nouveau débouché. Son essor a, pour la profession, un avantage
de taille : dégager un horizon obscurci par les perspectives de
diminution des subventions européennes à l'agriculture. Au risque,
parfois, de rendre les responsables agricoles sourds aux débats
suscités par les biocarburants en matière de coût, de manque de
compétitivité (comparé à la canne à sucre brésilienne), de concurrence
avec la production alimentaire, de risques pour l'environnement...
Les biocarburants font désormais l'objet d'un débat très vif, au point que les écologistes ne parlent plus que d'"agrocarburants", le préfixe "bio"
pouvant être confondu avec celui de l'agriculture biologique, laissant
penser que les carburants d'origine végétale protègent l'environnement,
ce qui est de plus en plus contesté. L'Europe a procédé à une
consultations sur le thème de la "viabilité environnementale"
des biocarburants. Selon l'Agence européenne de l'environnement,
plusieurs précautions doivent accompagner leur développement, comme le
maintien de 3 % des terres en jachère, la conversion de 30 % des
surfaces à une agriculture respectueuse de l'environnement d'ici à
2030, ou l'adaptation des variétés afin de diminuer l'érosion des sols
et l'apport de produits chimiques.
Jusqu'à une date récente, les promoteurs des biocarburants n'avaient pour adversaires que les grands groupes pétroliers, inquiets pour leur monopole de fournisseurs de carburants. Les transports, qui représentent globalement 26 % des émissions de gaz à effet de serre, dépendent à 98 % des combustibles fossiles.
Les agriculteurs ont malgré tout réussi à convaincre les pouvoirs publics de l'intérêt des biocarburants. La France s'est fixé des objectifs d'incorporation de carburants végétaux, dans le gazole (diesel) ou l'essence, de 10 % d'ici à 2015, un chiffre plus élevé que la cible retenue à l'échelle européenne (5,75 % en 2010). Il en existe deux types : le biodiesel, fabriqué à partir d'oléagineux (tournesol, colza, soja, palme, arachide) et l'éthanol, qui provient de la canne à sucre, de la betterave à sucre ou du maïs.
Pour les pays européens, la production de biocarburants, outre le nouveau débouché offert aux agriculteurs, présente un autre avantage : une moindre dépendance à l'égard du pétrole. Sur le plan environnemental, ils sont censés favoriser la diminution des émissions de gaz à effet de serre : l'absorption du gaz carbonique (CO2) par la plante, pendant sa pousse, compenserait l'émission du même CO2 par la combustion des biocarburants. En fait, le bilan global varie selon les plantes, les régions du monde et les méthodes de culture, et doit prendre en compte les émissions "du champ à la roue", en comptabilisant les émissions liées à l'utilisation d'engrais, au transport, à la transformation des produits...
Les écologistes dénoncent aussi l'impact sur la biodiversité. Aujourd'hui, les biocarburants ne représentent que 1 % de la consommation mondiale des transports routiers. Mais les effets de leur développement se font déjà fortement sentir. Sur les cours du maïs ou du soja, dopés par la demande, et sur les surfaces cultivables disponibles. "Il faudrait deux planètes pour remplir les estomacs, remplir les réservoirs, et préserver l'avenir de la biodiversité", résume Michel Griffon, responsable du département agriculture et développement durable de l'Agence nationale de la recherche.
En Asie du Sud-Est, des forêts tropicales humides sont détruites pour laisser à la place à des plantations de palmiers à huile, faisant disparaître de précieux "puits de carbone". Au Brésil, les plantations de soja gagnent du terrain sur la forêt amazonienne, "poumon" de la planète. Aux Etats-Unis, les cultures de maïs destinées à la fabrication d'éthanol nécessitent l'exploitation de nappes d'eau fossiles. En Europe, les biocarburants sont cultivés sur des zones autrefois laissées en jachère, utiles au maintien de la biodiversité. Enfin, la culture de ces plantes nécessite l'utilisation d'engrais et de pesticides polluants. Des organisations écologistes européennes réclament aujourd'hui un moratoire, en attendant le développement de biocarburants de deuxième génération, plus performants et respectueux de l'environnement. Mais l'agro-industrie pourra-t-elle attendre une ou deux décennies ?
"Soupir" NON les forets tropicales ne sont PAS des puits de carbone : le bilan est egal à zero voire un peu négatif ...les forets , tropicales ou non ont leurs avantages mais ce sont pas elles qui nous font respirer : ce qui nous tient en vie, en renouvelant notre air, c'est l'océan ( et les petites betes qui y vivent le ZOOPLANCTON! les cousines de celles qui ont permis à notre planète bleue d'avoir une atmosphère...)!
Rédigé par : Clochette | 14 juin 2007 à 15:52