VANCOUVER (AFP) - Réduire les émissions de CO2, responsables du réchauffement climatique, à 0% pour le secteur aérien n'est pas un voeu pieux selon l'association du secteur IATA, qui réclame l'union des forces entre constructeurs, transporteurs et pouvoirs publics.
"Avancer ensemble dans la même direction", tel est le credo de l'IATA pour pouvoir réaliser cet objectif d'"émissions de CO2 0%" d'ici 2050. Mais cet objectif, annoncé lors rassemblement annuel de l'association, à Vancouver (Canada), a été accueilli par certains avec scepticisme.
"Avec la perspective d'un trafic aérien en croissance continue, (...) les marchés émergents et les déplacements d'affaires liés à la mondialisation, nous avons de quoi avoir des sueurs froides", a reconnu Michael Levine, chercheur de l'université de New York (NYU).
D'ici à 2020 et en dépit des efforts actuels --le secteur vise des économies de consommation de carburant de 25% d'ici 2020--, la contribution de l'aviation civile mondiale aux émissions de CO2 sera passée à 3% contre 2% actuellement.
"Notre industrie ne peut pas prétendre être exempte du droit à polluer sous prétexte qu'elle est essentielle, mais à mon avis, cela n'a pas de sens de viser le 0%", a lâché M. Levine.
Des propos relayés par le patron de Malaysian Airlines, Idris Jala: "d'un point de vue technologique, je ne crois pas au 0%, mais je crois dans notre responsabilité à afficher nos efforts pour faire au mieux".
Le patron de l'IATA Giovanni Bisignani estime que les solutions pour réaliser cet objectif de 0% doivent se concentrer sur la technologie, les avionneurs et les pouvoirs publics, régulateurs et gouvernements confondus.
"Je suis sûr que la recherche peut trouver des solutions pour atteindre ce 0% d'ici 50 ans", a-t-il déclaré.
"Quand on regarde les carburants propres, on voit qu'une consommation plus propre d'énergie est possible", a-t-il indiqué en référence aux véhicules propres dans l'automobile.
Du côté des avionneurs, des efforts sont encore à faire, donc, même si les nouvelles générations d'appareils, entre le 787 de l'Américain Boeing et les A350 et A380 de l'Européen Airbus, "sont déjà sur la bonne voie", selon les propos de Robert Milton, patron d'Air Canada.
Selon une étude de l'IATA, "un avion aujourd'hui consomme en moyenne 3,5 litres pour 100km par passager, ce qui est équivalent à la consommation d'un véhicule compact, mais avec une vitesse de transport six fois plus élevée".
Le futur 787 de Boeing (NYSE: BA - actualité) , promis pour l'heure comme l'avion le plus économe du marché, doit faire baisser cette consommation moyenne sous les 3 litres, affirme l'IATA.
Mais au-delà des avionneurs et des compagnies aériennes, qui ont des leviers d'action limités pour économiser le carburant --itinéraires, utilisation des moteurs sur le tarmac, remplissage de l'appareil...-- il faut plus que jamais "un schéma d'action global, une approche commune des nouvelles technologies", a plaidé le patron de Lufthansa (Xetra: 823212 - actualité) , Wolfgang Mayrhuber.
"La technologie trouvera toujours des solutions à tout", affirme cet ingénieur de formation. "Nous en sommes au début, mais in fine, il faut compter sur une collaboration des avionneurs, des compagnies, et par dessus tout des régulateurs".
L'idée est de parvenir à un standard qui puisse être imposé au niveau mondial, et dans cette perspective, la seule instance capable d'y parvenir sont les Nations unies, via son instance OACI (Organisation de l'aviation civile internationale), selon le patron de l'IATA.
"La question de l'aviation civile faisait partie du protocole de Kyoto", a-t-il rappelé, "avec un engagement à trouver une solution d'ici 2007 via l'OACI.
"L'OACI se réunit en septembre, nous attendons avec impatience leurs propositions", a-t-il conclu.
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