Controversée, l'Aeres, inaugurée cette semaine par le ministre, devra faire ses preuves. C'EST l'un des dispositifs les plus contestés introduits par la loi d'orientation de la recherche, votée le 18 avril 2006. L'agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (Aeres), dont les décrets d'application ont été adoptés en novembre dernier, vient d'être inaugurée par le ministre délégué à la Recherche, François Goulard. Cette autorité administrative indépendante, présidée par le psychologue Jean-Marc Monteil, an-cien directeur général de l'enseignement supérieur au ministère, est composée de vingt-cinq membres nommés par le ministère, dont un tiers de personnalités qualifiées, un tiers sur proposition des directeurs des établissements publics d'enseignement supérieur et de recherche, et un tiers sur proposition des organismes d'évaluation existants, ainsi que deux parlementaires. « Ses modalités d'organisation et de fonctionnement visent à garantir sa légitimité, la transparence de ses démarches d'évaluation et son efficacité », comme l'affirme le communiqué du ministère. L'agence prendra en compte la diversité des entités évaluées et respectera le principe du débat contradictoire. Ses procédures d'évaluation, les curriculum vitae de ses membres et des scientifiques auxquels elle fera appel ainsi que les résultats de ses travaux seront rendus publics. Un vivier d'experts Sa vocation est d'homogénéiser l'évaluation des laboratoires de recherche en France. Lourde tâche, tant les habitudes françaises laissent encore une large place aux réseaux de relations. « Il existe aujourd'hui des pans entiers de la recherche publique qui ne sont pas évalués », rappelle par ailleurs François Goulard. On s'étonne donc à cet égard qu'un quota minimum d'évaluateurs étrangers n'ait pas été introduit parmi les experts auxquels l'Aeres fera appel pour procéder aux évaluations à venir. Car cela fait partie des principaux reproches faits par les observateurs étrangers au système français en vigueur jusqu'à présent. « Nous ferons appel à eux lorsque nous aurons besoin d'experts étrangers, mais pas forcément lorsque les experts français sont les meilleurs dans un domaine », répond Jean-Marc Monteil. Dotée d'un budget de fonctionnement de 9 millions d'euros pour 2007, l'Aeres comprendra environ cent personnes, qui vont provenir en grande partie des organismes d'évaluation existants, de facto supprimés : le Conseil national d'évaluation (CNE), le Comité natio- nal d'évaluation de la recherche (CNER) et la mission scientifique technique et pédagogique (MSTP) du ministère. C'est ce personnel permanent qui puisera dans un vivier d'experts choisis pour leur compétence, pour faire évaluer les laboratoires. En revanche, les personnels de la recherche continueront à être évalués selon le système antérieur. Ce point notamment a fait l'objet de critiques de la part des syndicats, qui regrettent « l'abandon du principe de l'évaluation conjointe par la même instance des unités de recherche et des personnes qui y travaillent ». Une fois que les experts de l'Aeres auront donné leur avis, il reviendra en tout état de cause à l'organisme de rattachement du laboratoire, et à lui seul, de décider de son avenir.
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