PARIS (AFP) - Les pénuries d'eau, l'or bleu qui manque à plus d'un milliard d'humains, pourraient en affecter trois fois plus sous l'effet du réchauffement climatique, préviennent les experts mondiaux sur le climat.
D'ores et déjà, l'Unesco rappelle à l'occasion de la Journée mondiale de l'eau, jeudi, qu'une personne sur quatre dans le monde n'a pas accès à l'eau potable.
Le Groupe intergouvernemental d'experts sur le changement climatique (Giec), qui a prédit en février une hausse de 1,8 à 4° de la température moyenne planétaire d'ici à 2100, rendra le 6 avril à Bruxelles ses conclusions sur les impacts prévisibles du phénomène, selon la dernière version en circulation.
Celle-ci risque cependant d'être encore amendée par les délégués des 190 Etats membres de l'Onu lors de leur réunion dans la capitale belge pour approuver ce nouveau chapitre du 5è rapport (le précédent date de 2001).
A ce stade, les scientifiques estiment avec un degré de confiance élevé (8 chances sur 10) que pour une hausse de 2° des moyennes planétaires, les ressources en eau diminueront alors que les besoins d'irrigation augmenteront, que les sécheresses seront probablement (à 65%) plus fréquentes et qu'elles affecteront des régions aujourd'hui semi-arides.
Selon leurs conclusions, ces 2°C supplémentaires pourraient (avec une confiance de 5 chances sur 10), placer jusqu'à 2 milliards d'humains en pénurie d'eau aggravée, dont 350 à 600 M seraient concernés en Afrique et 200 M à un milliard en Asie.
Si le thermomètre mondial devait grimper de 4°C supplémentaires, ce sont jusqu'à 3,2 milliards de personnes qui seraient en manque d'eau.
De son côté, l'Unesco a estimé dans un rapport publié en 2006 (UN World Water Development report) que d'ici moins de 25 ans, les deux-tiers des habitants de la planète résideraient dans des pays connaissant de graves problèmes d'approvisionnement en eau, spécialement en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et en Afrique.
La rareté en eau commence à moins de 1.000 m3 par jour et par personne, selon les standards de l'Onu qui reconnaît cependant que d'ores et déjà, "de nombreuses régions du monde" (Afrique, Asie centrale mais aussi sud-ouest des Etats-Unis et sud-est de l'Australie) vivent en situation de pénurie chronique avec 500 m3/jour/personne.
Parmi les impacts du réchauffement sur la ressource en eau, les scientifiques du Giec font valoir les modifications apportées aux régimes des lacs glaciaires et des rivières alimentées par la fonte des neiges, notant que "les réserves d'eau contenues dans les glaciers et la couverture neigeuse vont très probablement décliner".
Par ailleurs, la multiplication des précipitations extrêmes devrait augmenter les inondations et favoriser la contamination des ressources en eau douce.
Les ressources souterraines - la péninsule arabique en dépend à 80% -, l'eau des puits et celle utilisée pour irriguer seront par ailleurs menacées par la salinisation, sous l'effet conjugué des sécheresses et de l'élévation du niveau des océans qui favorisera l'intrusion des eaux salées, estiment les experts du Giec.
Dans leur premier chapitre le 2 février, les scientifiques s'étaient accordés sur une hausse de 18 à 59 cm des mers d'ici 2100 selon l'ampleur du réchauffement.
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