Une centaine de grandes entreprises, d'organisations non gouvernementales et d'experts du monde entier ont adopté mardi soir à New York un plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ce pacte de lutte contre le changement climatique appelle les pouvoirs publics à agir d'urgence contre le réchauffement de la planète.
Le monde des affaires se mobilise pour le climat. Plusieurs dizaines de grands noms du capitalisme mondial se sont donné rendez-vous dans la soirée de mardi à New York, pour appeler les gouvernements de la planète à mettre en place un pacte de lutte contre le changement climatique. Invités par l'Université de Columbia, les patrons de ces entreprises ont présenté une "Déclaration sur le changement climatique" appelant à agir à tous les niveaux, pour "créer des systèmes durables permettant d'assurer la croissance économique".
Parmi ses 85 signataires, le texte compte de très grandes entreprises internationales, aussi diverses que le groupe pharmaceutique allemand Bayer, la banque américaine Citigroup, le bancassureur Allianz, le consortium industriel General Electric, EDF North America, Air France ou encore l'Américain Alcoa, premier producteur mondial d'aluminium. "Des dirigeants de secteurs-clés ont trouvé un consensus sur le chemin à prendre pour réduire le changement climatique généré par l'homme, et montrent la voie vers un cadre mondial d'action dont il y a un besoin urgent", s'est félicité Jeffrey Sachs, économiste et président de la "Table ronde mondiale sur le changement climatique", à l'origine de la déclaration.
Les signataires promettent eux-mêmes d'agir, même s'ils ne chiffrent pas leur engagement: réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, favoriser l'information du public et de l'industrie. Mais ils s'adressent surtout aux décideurs politiques. "Les groupes mondiaux acceptent leur juste rôle de catalyseurs d'action en matière de changement climatique, mais l'action des entreprises seules ne suffit pas", a dit le PDG de General Electric, Jeffrey Immelt. "Si nous pensons que recourir à la technologie permettra de créer des opportunités économiques avec des changements positifs, gouvernements, experts et ONG doivent aussi s'engager avec tout autant de force", a-t-il ajouté.
Qualifiant le changement de climat de "problème urgent", le texte appelle les responsables politiques à fixer des objectifs précis en matière d'émission de gaz à effet de serre et notamment de CO2. Il réclame que les gouvernements placent un prix sur les émissions et encouragent le développement d'énergies à faible émission, listant les ressources alternatives. Selon Jeffrey Sachs, "il n'y a pas de solution à coût zéro, mais elle pourrait prendre moins de 1% du revenu mondial annuel". "Il faut que toutes les régions du monde s'engagent", a-t-il souligné.
Cette initiative intervient alors que dans le monde entier des entreprises prennent déjà les devants, dans la perspective de la renégociation du protocole de Kyoto sur la lutte contre le réchauffement climatique. Suivant les termes de l'accord, qui expire en 2012, les pays industrialisés devaient réduire leurs émissions de 5% en 2012 par rapport à 1990. Cependant, le pacte n'a pas été ratifié par les Etats-Unis et ne concerne pas des pays majeurs comme la Chine et l'Inde. Donnant l'exemple hier soir, les ministres européens de l'Environnement sont tombés d'accord pour que l'UE réduise ses émissions de CO2 "d'au moins 20%" d'ici à 2020. L'UE a déjà mis en place un marché d'échanges de droits d'émission, avec quotas de CO2 distribués aux industriels.
Des membres du Congrès américain veulent désormais étendre ce système de marché aux Etats-Unis, et des géants américains comme DuPont, Caterpillar, Lehman Brothers ont déjà réclamé une action au niveau fédéral. Tous les secteurs semblent concernés, jusqu'à l'assurance, mise en péril par le risque accru de dérèglements climatiques. Allianz "voit déjà les signes que le changement climatique est un nouveau risque grave", a relevé Clement Booth, haut responsable de la société d'assurances.
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